La Fédération Anarchiste continue encore et toujours avec son discours masculiniste

Le nouveau Monde Libertaire Hors-Série de la de FA de mai-juin 2013 contient un article en réponse à celui de Roger Dadoun paru dans le dernier numéro, écrit par une « anarchiste-féministe » de la FA. L’article ne fait pas tant critiquer Roger Dadoun que de continuer à nier le viol de DSK sur Nafissatou Diallo.

Non seulement le texte en réponse à Roger Dadoun refuse d’incriminer l’auteur pour sa justification du viol et ses fables sur la féminisation de la société, mais ce texte n’est absolument pas anarcha-féministe, voire même pas féministe tout court …

 Une première idée est que la FA n’est pas responsable des articles publiés dans son journal, qu’ils ne sont que le reflet des idées de l’auteur. Mais il est faux de dire que le Monde Libertaire n’a pas pour but de diffuser les idées de la FA puisque c’est l’organe de propagande de la FA et que les idées exprimées doivent être en accord avec la FA (pour preuve, refus d’écrits sur l’anti-spécisme). Sinon le féminisme serait véritablement reconnu et appliqué comme moyen de lutte et sinon autant publier, au nom d’une sacro sainte liberté d’expression imaginaire, des articles fafs ou prônant la violence policière, voire soutenant le patronat (puisqu’il n’est pas obligatoire d’être en accord avec les idées de la FA).

 Dans mon article, il m’a été reproché de considérer le viol de Nafissatou Diallo comme un parti pris. Bien sur que c’est un parti pris ! C’est l’une des bases du féminisme en ce qui concerne les agressions sexuelles ; écouter et considérer que c’est la/le survivant-e qui a raison. Ce ne sont ni le violeur qui nie les faits, ni les flics, ni la justice, ni un crypto-freudien masculiniste professeur à Paris VII …

La question n’est pas celle d’une intime conviction ou d’un rendu de justice dont on se contrefout, mais bien d’une démarche féministe qui fait passer la/le surviant-e avant tout et dont la parole n’a pas à être remise en question !

La présomption d’innocence à propos de DSK n’est pas un avis comme un autre puisqu’il considère que la parole de la victime est discutable et que ce que disent violée et violeur sont aussi valables, approuvables l’un- que l’autre …

 Alors que faut-il pour que le viol soit avéré ?

Depuis quand faisons nous confiance à la justice, aux flics, aux politicards, aux violeurs ?

La parole des victimes de violences policières est-elle une parole discutable ?

 C’est en fait reproduire une domination patriarcale qui existe déjà dans la société, c’est à dire douter de la parole d’un-e survivant-e de viol, donc douter de l’agression sexuelle qu’elle/il a subi, la/le forcer à se justifier pour convaincre. C’est en fait nier sa parole et son vécu.

 L’article présent, comme celui de Roger Dadoun, dit d’abord qu’on ne sait pas ce qu’il s’est passé, puis qu’en fait il y a bien eu une pipe. Si on ne sait rien, comme affirmer qu’il y a eu une pipe ? Non seulement c’est se contre dire mais en plus c’est faux. Il n’ y a pas eu une pipe mais un viol, ce qui est extrêmement différent.

 Une pénétration forcée n’est pas un acte sexuel, c’est un viol.

Une fellation forcée n’est pas un acte sexuel, c’est un viol.

 Un passage à tabac d’arabes par des fafs, ce n’est pas une bagarre, c’est un agression raciste.

Un passage à tabac d’homos par des fafs, ce n’est pas une bagarre, c’est une agression homophobe.

 Ensuite la question n’est pas tant de savoir si parler du viol de DSK sur Nafissatou Diallo est douloureux ou de savoir si ça nous touche, si on se sent concerné-e-s etc … Le viol est un acte social et patriarcal qui concerne tout le monde et qui est un problème qui touche toutes les classes sociales, tous les milieux, et même anarchistes.

Alors c’est une évidence que l’on devrait toutes et tous se sentir concernées par ce sujet, surtout lorsque le ML publie un article qui le justifie et n’est pas capable de le reconnaître.

 Enfin, rien du texte de Roger Dadoun n’est vu comme une féminisation de la société au motif qu’il ne le dit pas explicitement. Effectivement, il a suffisamment de bon sens pour ne pas le dire clairement, sinon il sait pertinemment qu’il y a de fortes chances pour qu’il ne soit pas publié. Quoiqu’à la vue de réactions sur la liste fédérale, on peut légitimement se poser la question.

 Lorsque Chirac nous dit qu’il n’est pas raciste mais que tout de même le bruit et l’odeur …

Lorsque Soral et Dieudonné nous disent qu’ils ne sont pas antisémites mais antisionnistes ….

 Ce n’est pas du racisme ? Ce ne sont pas des racistes ?

 Par de simples artifices syntaxiques et grammaticaux, Roger Dadoun a fait un tour de force : publier son discours masculiniste dans un journal anarchiste et être protéger par la Fédération Anarchiste elle même, qui lui assure même une place éternelle à sa radio parce qu’elle préfère garder sous son aile un professeur émérite plutôt que de faire un véritable travail contre l’hétéro-patriarcat …..

 Encore une fois cela montre bien que la FA connaît de nombreux problèmes en ce qui concerne la diffusion et la mise en pratique des idées anarcha-féministes (féminisation des textes, non-mixité, dénonciation et remise en question des privilèges des hommes, temps de paroles des femmes, agressions etc …).

 Une dernière chose : un élément de mon article simple à comprendre est l’utilisation des guillemets pour les citations de l’auteur ou pour accentuer ses idées que j’ai synthétisées.

 QUAND UNE FEMME DIT NON C’EST NON !

LA PAROLE DES VICTIMES EST UNE REALITE, LE VIOL AUSSI !

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